A tout hasard (Partie 2) by Jamie McGuire

Auteur:Jamie McGuire [McGuire, Jamie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Publié: 2017-05-16T22:00:00+00:00

6

J’effectuai le trajet jusqu’à la peinture murale avec l’esprit chargé de regrets. Je me garai sur l’emplacement de l’ancienne pizzeria près de la Chevy de Weston. Il m’attendait, les mains dans les poches, un sourire aux lèvres.

Le soleil, haut dans le ciel, jetait une ombre le long du mur de béton où se trouvaient les autres élèves, pinceaux à la main. Mme Cup jeta un regard dans ma direction et accueillit mon arrivée avec un petit signe de la main.

— Qu’est-ce que tu fabriquais ? demanda Weston. Tu aurais dû être juste derrière moi.

— J’ai été retenue par un feu rouge. Et je conduis lentement.

— Un escargot aurait pu te doubler.

— Je n’ai pas honte, répliquai-je en me dirigeant vers le mur.

Je plongeai mon pinceau dans un petit pot de peinture verte et commençai à combler les trous laissés par l’ancienne peinture. Weston m’imita, avec une couleur différente.

— Qu’est-ce que tu fais après le travail ? demanda-t-il.

— Je… je pense que je dois avoir une conversation avec Julianne.

— Oh ? Ça m’a l’air sérieux.

— Ça l’est. Je n’espère pas. Enfin peut-être.

— C’est à quel sujet ?

— Quelque chose que j’ai fait.

Il hésita, donna quelques coups de pinceau.

— J’ai envie de savoir, selon toi ?

— Probablement pas.

— Dis-le-moi quand même.

— Je… C’est grave.

— Tu as abîmé la voiture ?

— Non.

— Tu lui as volé quelque chose ?

Je tournai la tête vers lui.

— Quoi ?

Il haussa les épaules, choqué par ses propres paroles.

— Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. Mes idées fusent. Je me demande ce que tu peux avoir de si sérieux à lui dire. Je ne pense pas que tu sois capable de la voler, ni elle ni personne.

Je hochai la tête, satisfaite, mais cette satisfaction ne dura pas.

— C’est presque aussi grave.

— Mince, Erin, dis-le-moi.

— Je… suis entrée dans la chambre d’Alder.

Il haussa les sourcils. Je baissai les yeux et poussai un soupir.

— J’ai vu sa robe de bal. Elle est magnifique.

— Oui. Elle m’en avait parlé.

— Elle a des dizaines de journaux intimes rangés dans un bac au fond de sa penderie.

— Tu les as lus ? demanda-t-il, soudain inquiet.

Je confirmai, les joues en feu.

Il se remit à peindre sans mot dire.

J’attendis et, lorsque le silence menaça de me rendre folle, je me tournai vers lui.

— Dis-le.

— Dire quoi ?

— Que c’est mal.

— Qu’est-ce que tu as trouvé ? demanda-t-il. Quand est-ce qu’elle y avait écrit pour la dernière fois ?

Il gardait les yeux rivés sur le mur devant lui, mais ses questions étaient teintées d’inquiétude.

— Je n’ai pas lu grand-chose. Rien qu’une page. Je me sens déjà assez mal. Ce serait pire encore si je te disais ce qu’elle a écrit.

— Quelque chose sur moi ?

— Peut-être. Je ne sais pas. C’était vague.

— Je n’ai pas besoin de te dire que c’est mal, Erin. C’est écrit sur ton visage. Mais… ne le fais pas. Ne les lis pas.

Il avait raison. Inutile d’argumenter. Du coin de l’œil, je le vis s’agiter, ce qui me rendit curieuse.

— Elle en a de vraiment très vieux.

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